Jusqu’à la fin du mois de décembre nous vous proposons une exposition de quelques œuvres du photographe naturaliste Gérard Gardès.
Originaire de Monistrol-d’Allier, Gérard Gardès vit non loin de Saugues, à Saint-Préjet d’Allier. Depuis une dizaine d’années, il part tôt le matin dans la nature altiligérienne demeurée sauvage : la vallée de l’Allier, la haute vallée de la Loire, la Margeride, débordant parfois sur la Lozère, l’Ardèche, le Cantal. Avant de sortir ses appareils et ses objectifs, il observe longuement le paysage, à l’oeil nu ou aux jumelles, guettant le passage des animaux qui vont leur vie au gré des saisons, des périodes de reproduction, des appétits, des migrations. Il relève la présence de plantes qui fleuriront bientôt, d’une atmosphère particulière, d’une brume, d’une lumière. Ses prises de vue sont dictées par le calendrier naturel. « La plupart du temps, je sais en partant le matin ce que je vais photographier pour avoir observé et repéré en amont, explique le photographe. Par exemple c’est à l’automne, pendant le brame, que le cerf est le plus « abordable ». Pour le saumon qui remonte l’Allier, il faut attendre mai juin. Mes rencontres avec les animaux ne sont pas furtives. Je peux dire que je les ai prévues ». Ces entrevues distantes (les bêtes ne voient pas le photographe caché par le relief et quelques filets de camouflage) peuvent durer des heures. Ainsi dissimulé, Gérard Gardès, armé cette fois de son matériel, peut saisir le loutre, le passereau, le faucon pèlerin, la chouette, l'écureuil, le hérisson, le circaète, la salamandre…
De ses innombrables prises et de son travail de patience, il ne montrera au public que le meilleur : l’image miraculeuse qu’il découvre parfois lui-même avec bonheur sur grand écran. L’image où l’animal confie sans le savoir au photographe sa beauté intime dans un élan de grâce et de fragilité, dans une lumière favorable, dans un écrin neigeux, dans un berceau de mousse, dans un regard qui croise involontairement le sien. Car chaque photographie de Gérard Gardès est source d’émerveillement, comme cette rencontre qu’il fit d’un renard dans la forêt au coeur de l’hiver. « J’attendais et soudain il est apparu dans la neige. Il n’y avait aucun bruit. Ce fut une rencontre loin des chemins, loin de tout. Cette photo que j’ai pu faire ce jour là résume pour moi toute la vie sauvage ».
Archives lumineuses d’une nature menacée, les œuvres de Gérard Gardès sont aussi des compositions, comme des peintures, où règne l’harmonie des couleurs. Et c’est un autre aspect du miracle.